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MÉTHODE ET CRITIQUE 587

S 3. Méthode et critique d'Hêhodotb.

Parmi les faits qu'il rapporie,Hérodoto aimo à distinguer eotro ceux qu'il a vus lui-même et ceux qu'il sait seule- ment par ouï-dire; à quoi il ajoute une mention spéciale pour ceux qu'il établit par raisonnement ou par conjec* ture^ Mais comme ceux-ci encore, en dernière analyse, reposent sur des faits du premier ou du second groupe, tout se ramène en somme à savoir comment Hérodote sait user soit du témoignage do ses sens, soit des infor- mations qui lui sont fournies par autrui.

Les faits dont il doit la connaissance à son observation personnelle (o^t:) sont nombreux. C'est le cas pour mainte description de monuments, de pays, de coutu- mes ; non pas pour toutes, cependant, car il emprunte nécessairement beaucoup aux dires d'autrui. Quelle foi mérite-t-il quand il déclare parler de nsu"? Notons qu'il ne suffit pas toujours d*ètre sincère pour être exact : on a pu dire justement de tel voyageur- poêle, dans no- tre siècle même, qu'il avait le don de l'inexaclilude. Il y a des esprits naturellement inexacts. D'autres, très exacts par nature, échouent par la faute des circonstan- ces : Thucydide, par exemple, indique fort mal la lar- geur des passes de Sphactérie; c'est qu'une bonne vue, même au service du meilleur esprit, ne suffit pas tou- jours pour apprécier une distance, si elle n'est aidée par remploi des instruments, redressée par la comparaison des expériences antérieures, avertie par l'usage ordi- naire des cartes et des plans. Tous ces secours, si abon- dants aujourd'hui, n'empêchent pas les modernes de faire des erreurs; il faut s'attendre à trouver bien plus do fautes encore chez les anciens, dépourvus de ces pro-

1. Par exemple, II, 99. où il distingue expressément ces trois modes d'information : à'J/i;. àxor, (Ta r.xo-jov), vvcopir,.

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