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DIOGÉNE D'APOLLONIE 533

former lo inonde, mais il place celte intelligence dans l'air sec et chaud K Si Ton ajoute à cela que Diogène d'A- pollonie avait sur plus d*un point, et notamment en ma- tière d'astronomie, des notions remarquables pour le temps, on sera conduit à le regarder comme un esprit d'une grande valeur, ingénieux et ferme.

Mais c'est surtout par le style qu'il est intéressant. A cet égard, le progrès est notable. Non que Diogène, sans doute, ait le génie d'un Heraclite ; mais il possède, beau- coup plus que celui-ci et que tous ses autres devanciers, ce qu'on peut appeler les qualités essentielles de la prose, le talent d'éclaircir, d'expliquer, de débrouiller les idées. Dorien de naissance-, il écrit en ionien, suivant l'usage grec d'adopter parmi les différents dialectes celui qui, pour chaque genre, semble spécialement consacré par la tradition. lia toute la douceur ionienne. De son ouvrage Sur la Nature /il nous reste huit fragments, dont plusieurs assez étendus (une ou deux pages). On est surpris et charmé, quand on vient de lire les oracles d'Heraclite et d'Anaxagore, de trouver ici, pour la première fois, une prose facile, souple, vraiment gracieuse dans sa simpli- cité. Lui-même en avait le sentiment très net, et les pre- mières lignes de son ouvrage appelaient l'attention du lecteur sur cette nouveauté ^ :

11 me semble qu'au début de tout discours, il convient de présenter un principe assuré,dans un langage simple et grave.

On notera aussi le (on modeste et la réserve de bon goût. Les autres fragments ne sont pas infidèles à celte sorte de promesse. Diogène emploie volontiers la forme du-

1. Fragm. 6 (Mullach).

2. Ou ne connaît pas d'autre Apollonie que celle de Crète, qui est d'ailleurs mentionnée expressément par Etienne do liyzance comme la patrie de Diogène (v. 'AiroXXwvîa).

3. Fragm. 1.

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