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ANAXAGORE 529

cl c*csl la nature do cette proportion qui fait la diversité des corps. Â Torigine, ils étaient tous mêlés et comme brouillés dans une espèce de chaos où dominaient Tair et le feu, dont les éléments sont les plus nombreux de tous K La formation des corps se produisit par une sorte de circulation (wepi^jwpiQdi;) qui permit aux parties sem- blables de se rapprocher, de se grouper ensemble ^. Ces parties semblables ne sont d'ailleurs jamais pures de tout mélange. Les corps qu'elles forment par synthèse ne sont pas non plus stables : de là vient que les diverses substances apparentes se transforment les unes dans les autres. — Mais d'où dérive le mouvement circulatoire? Ici intervient la seconde idée tout à fait nouvelle d'Âna- xagore ' : le principe du mouvement est VEsprit (Nou;). Celui-ci est essentiellement libre et distinct ; il échappe à tout mélange ; il est plus subtil et plus pur que tout ; il est intelligent et fort ; tout ce qui vit est gouverné par TEsprit, et c'est lui qui a produit à l'origine la circula- tion universelle ^. C'est la première fois qu'apparait dans la philosophie la notion de l'Esprit considéré comme une force indépendante et suprême. Il s'en faut d'ailleurs qu'Anaxagore ait poussé son idée jusqu'au bout. D'abord» on ne voit pas qu'il ait nettement conçu l'Esprit comme une substance inétendue, à la manière de Descartes et des spiritualistes : il en fait plutôt peut-être une matière très subtile. De plus, bien qu'il accorde à l'Esprit l'intel- ligence en même temps que la force, il n'a pas tiré de ces prémisses la conclusion socratique et platonicienne

4. Fragm. 1.

2. Ce sont les plus élémentaires de ees groupes qu'Aristote appelle â(jLO(0{jLépeiai. Mais le mot n'est pas dans Anaxagore (cf. Breier, Philosophie des Anaxag., p. 1-54; cité par Zeller, t. II, p. 393, n. 2), et peut-être ce mot d^homéoméries a-t-il obscurci le système.

3. La première est celle de rinûnie diversité et de l'infinie petitesse des germes.

4. Fragm. 6.

Hitt. de la LiU. grecque. — T. II. 34

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