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508 CHAPITRE IX. — PHILOSOPHIE ET HISTOIRE

sans s*cn douter, à lexemplc de ses prédécesseurs, alors même qu'il veut l'écarter ; il éprouve la même difQculté que Pylhagoro à distinguer l'abstrait du concret, et la mo- bilité en soi de la forme la plus mobile, qui est le feu. Ne cherchons pas à tout expliquer : car bien des idées restaient confuses dans cet esprit puissant, mais non rompu encore à la dialectique.

Quelques savants sont disposés à chercher en Egypte l'origine des idées d'Heraclite *. Mais les preuves qu'on allègue en faveur de cette hypothèse sont peu convain- cantes. La logique des choses, après Ânaximandre et Xénophane, suffisait amplement pour susciter le système de Téternelle mobilité.

C'est sans doute encore dans la première partie de son ouvrage qu'Heraclite, en application de ses principes, exposait ses vues sur la constitution du monde, sur la nature des astres, sur les embrasements périodiques du monde et les renaissances qui s'ensuivaient. Nous lais- serons de côté tous ces détails, qui regardent plutôt l'histoire des sciences et de la philosophie proprement dite que celle de la littérature. Au contraire, les deux autres parties de son livre, relatives à la théologie et à la morale, appellent toute notre attention.

Et d'abord, c'est un fait important que cette place distincte donnée à la théologie et à la morale dans un ouvrage sur « la Nature ». La philosophie religieuse et morale n'est pas encore, chez Heraclite, toute la philo- sophie, comme elle le deviendra chez Socrate, mais elle en est plus do la moitié. La psychologie n'est pas à ses yeux le point de départ de la science : il commence par embrasser du regard l'univers, où il encadre Dieu et l'âme. Mais il les met au centre, et sa pensée ne cesse d'y tendre. D'où vient cette nouveauté? Heraclite est-il,

l. Tannery, p. 175 et suiv.

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