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40 CHAPITRE 1". — OHIGINES DU LYRISME

de fusion. Sparte surtout devient un centre. Ses fcles d'abord, plus tard celles de Delphes et d'Olyinpie, amè- nent les usages locaux à se rapprocher et à se pénétrer. L'imporlauce de cette rcvolutijn fut grande; mais elle n'explique pas tout, car elle ne se fit pas sentir égale- ment dans tous les genres lyriques ; c'est sur les genres solennels, sur les œuvres d'apparat, qu'elle dut surtout agir. On peut affirmer qu'à colé de cette transformation il y en eut une autre, dont on parle moins, et qui fui peut-être aussi décisive: c'est celle qui porta surTélément littéraire du lyrisme, sur l'expression et sur le style, et qui eut son effet aussi bien dans la chanson familière que dans Todo exécutée en grand appareil.

N'oublions pas en effet la relation qui existe enlre les deux éléments du lyrisme grec : c'est la poésie qui do- mine, et non la musique. Instruments peu sonores, chanls à l'unisson, accompagnement très simple, soit à l'unisson du chant soit à l'octave, tout tendait à faire prédominer la voix, et par conséquent les paroles, c'est-à-dire la poésie. Le compositeur, étant aussi le poète, n'avait d'ailleurs aucune raison de chercher à renverser cet or- dre, conforme à la nature des choses. Car la nmsique était alors dans l'enfance, tandis que la poésie, après l'épopée homérique, était un art en pleine vigueur et en plein éclat, capable d'enchanter et de captiver toutes les parties do l'amo humaine : la raison, par la netteté de ses pensées, par la limpidité do son style, par la finesse et la précision de ses analyses; l'oreille, par l'harmonie du vers et par la grâce d'une langue merveilleusement sonore et musicale; l'imagination, par le mouvement et le pathétique de ses récits, par la beauté presque visi- ble des tableaux qu'elle savait composer et animer. Mais pour que la poésie eût cette puissance, il fallait qu'elle fût maniée par de grands artistes. C'est ce qui n'arrivait pas dans le lyrisme primitif, abandonné à des

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