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&04 CHAPITRE IX. — PHILOSOPHIE ET HISTOIRE

raisonnements de Parménide, il fallait des raisonnements dont on ne trouve pas trace dans les fragments deTÉphé- sien. On comprend d'ailleurs à merveille que la contradic- tion violente dirigée par Heraclite contre certaines idées de Xénophaneait poussé le disciplede celui-ci à redoubler de rigueur et à serrer son jeu. Pour toutes ces raisons, nous étudierons d*abord Heraclite. L'enchaînement des doctrines éléatiques n*en sera pas moins clair, et il semble que le choc des idées les unes contre les autres, l'influence réciproque, le drame philosophique enQn de cette curieuse période en sera plus sensible.

Heraclite S fils de Blyson, naquit à Éphèse, probable- ment vers 540, à quelques années près ^. Il appartenait à une famille aristocratique qui prétendait descendre d'Ândroclos, Gis de Codros, fondateur d'Éphèse. Cette famille était en possession d'une charge, probablement religieuse, qui continuait de s'appeler la « royauté «. Heraclite, appelé à lexercer, la laissa à son frère ^. Sa pensée hautaine Téloignait de la vie pratique : il mépri- sait la foule. Le satirique Timon l'appelait « insulteur de la multitude * >». La tradition avait conservé le souve- nir (plus ou moins authentique) de quelques-uns des

1. Biographie dans Diogône Laêrce, IX» 1-17; notice de Suidas, V. *HpaxXeitoc. — Cf. Zeller, t. II, p. 99 et suiv. (trad. française).

S. Diogène Laërce, sans doate d'après Apollodore, place sa matu' rite (àx{iiQ) dans la 69« Olympiade (505-501). Il est vrai que d'autres sources (cf. la note de Zeller, p. 99-101) le font naître une quaran- taine d'années plus tard. Mais c'est là certainement une erreur, ame- née par cette circonstance que la tradition mettait son ami Hermo- dore en relations avec les Décemvirs. A supposer que le fait de ces relations soit exact, cela ne prouverait nullement qu'Heraclite eût été du même âge qu'Hermodore. Êpicharme, qui écrivait vers 470. fait allusion au système d'Heraclite comme à une doctrine bien connue. Cf. Êpicharme, v. 190195 (MuUach), cité par Diogène Laêrce, HT, 1«, et V. 274 (M.), cité par Stobée, Floril. xxxvii, 16.

3. Diogène Laérce, IX, 6, à rapprocher de Strabon, XIV, 1, 3, p. 632.

4. 'OxXoXo{6o^oc (cité par Diogène Laërce, IX, 6].

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