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XËNOPHANE 503

Socrate aurait approuvé cette mesure exquise de belle humeur et de philosophie. On reconnaît dans ces vers rionien de Colophon, le contemporain plus jeune de Mimnerme. Les idées philosophiques de Xénophane fu- rent après lui, à Éléc, recueillies et reprises, mais non sa bonne grâce et sa bonhomie.

La doctrine de Xénophane suscita presque aussitôt, dans les premières années du v* siècle, deux systèmes opposés, celui d'Heraclite d'Ephèse et celui de Parménide d'Élée. Xénophane avait, pour la première Tois, distingué nettement deux choses : le Tout immuable, et la diversité changeante des phénomènes particuliers ; mais il n'avait, semblc-t-il, sacriQé ni l'un ni l'autre ^ Heraclite, au contraire, rejette l'immuable, tandis que Parménide re- jette le changement. D'Heraclite ou de Parménide, lequel a précédé l'autre ? Le problème est obscur ; car les in- dications chronologiques positives font défaut ou sont peu sûres. Il semble pourtant que c'est le livre d'Hera- clite qui parut le premier ^ D'une part, en effet, Hera- clite cite Xénophane et ne cite pas Parménide, dans un passage où il semblait cependant naturel que le nom de celui-ci fût mentionné si Heraclite l'avait connu. D'autre part, on trouve dans les fragments de Parménide quelques vers ' où Ton est tenté de voir une allusion à la doctrine et même aux expressions du philosophe d'Éphèse. Ajou- tons que, si celui ci avait écrit après Parménide, il semble qu'il aurait dû mettre dans son livre plus de dialectique qu'il n*a fait : aux affirmations de Xénophane, on pouvait opposer des affirmations contraires ; pour combattre les

1. Sur les phénomènes particuliers, il avait plutôt affirmé la diffi- culté de les bien connaître que nié positivement leur réalité.

2. Cf. Zeller, 11, p. 190 (trad. française). Mais Topinion de Zell«r semble flottante. Il dit à peu près le contraire deux pages plus loin.

3. V. 46-51. Cf. Schwegler. p. 92, n. 8. Zellor nie cette allusion (p. 191-102). ■ ' . ■

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