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490 CHAPITRE IX. — PHILOSOPHIE ET HISTOIRE

révolution ; d'autres disent qu'il y échappa et mourut tranquillement à Métaponte; d'autres enfin (ce sont les plus dignes de foi ^) affirment qu'il était déjà mort quand ses partisans furent ainsi dispersés. L'école, d'ailleurs, ne sembla un instant détruite que pour renaître aussitôt, et, au siècle suivant, avec Philolaos et Archytas, elle brilla d'un nouvel éclat.

Le Pythagorisme s'offre aux regards sous deux aspects : il est à la fois une discipline morale et un système de philosophie théorique. Comment s'est opéré, dans la pensée du fondateur, le passage de l'un à l'autre ? On peut supposer que c'est l'idée de l'harmonie, conçue à la fois comme une explication théorique des choses et comme une règle pratique de vie, qui servit de transi- tion. Le Pythagorisme ressemble à la cité platonicienne, qui est avant tout une république idéale fondée sur la justice, mais où les meilleurs s'occupent à contempler dans son essence cette idée du juste sur laquelle repose l'État.

Il y eut une vie pythagoricienne comme il y avait une vie orphique, et les deux conceptions étaient assez sem- blables dans la pratique pour que plus tard une fusion se soit accomplie. La tradition qui fait de Pythagore un disciple de Phérécyde exprime avec justesse cette relation. Mais Pythagore, esprit puissant et autoritaire, donna sans doute plus de force et de cohésion, plus de profon- deur aussi, à la nouvelle discipline morale dont il fut l'initiateur. Nul doute d*ailleurs qu'il n'ait dû beaucoup à des influences dorienncs. Diverses légendes traduisent cette idée : on faisait de lui un fils d*Apollon * ; on ra- contait qu'il avait reçu sa doctrine de la prêtresse del- phîque Thémistocléa ^; on le faisait voyager à Sparte et

i. Aristoxénc, cité par Jamblique.

2. Porphyre, 2.

3. Arisloxéin\ dans Dioj^'ène L lërco, VIII, 2\.

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