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mitée de cette matière ? ou la nature ambiguë et mal définie de réiémont unique d’où toutes choses devaient sortir et qui, suivant certains textes, tenait le milieu entre l'air et l'eau ? Les anciens semblent avoir préféré le premier sens 1. Les modernes hésitent 2. Quoi qu’il en soit, tout était sorti de cet à-eipov par séparation ou distinction (iV-xuci;) : tout devait un jour y rentrer, en attendant de nouvelles naissances et de nouvelles morts: car la vie présente n’était qu’un court moment dans cette série rythmique d’oscillations entre la naissance et la mort universelles. Anaximandre décrivait le ciel, la for- mation et le cours des astres, les terres et les mers. Il reprenait l'idée de Thalès pour expliquer l’origine des êtres terrestres. Une fois l’eau séparée de la matière primitive, elle avait engendré les premiers animaux. Ceux- ci à leur tour en avaient produit d’autres. Les espèces s’étaient multipliées, distinguées les unes des autres, perfectionnées. L’homme était une des plus récentes \ — Il est impossible de rappeler ces opinions sans être frappé de la ressemblance qu’elles offrent avec quelques-unes des théories les plus modernes de la science, et sans admirer l’esprit pénétrant qui traçait ainsi à grandes lignes un système de la nature dont certaines parties subsistent encore aujourd’hui.

Comme écrivain, nous ne pouvons plus juger Anaximandre que sur quelques mois, à peine sur quelques phrases. Cela suffit pourtant pour nous donner une idée du tour poétique de son style. Il appelait les astres « dieux célestes * ». Il parlait de la matière illimitée, de l’à^retpov, avec une sorte de grandeur religieuse :

1. Aristote, Physique, III, 4, p. 20:î, ]\.

2. Cf. surloiit Tannery, p. î«:{.

3. Voir les textes dans Mnllach. p. 237-230, on dans Zellor, I. I, p. 230 ot suiv. (trad. franr.nise).

4. Plutarque, Opinintis des p/tilos., I, 7.