Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/491

Cette page n’a pas encore été corrigée

ENCHAINEMENT DES SYSTÈMES 479

Malgré les obscurités de la chronologie, rensemble est assez clair.

Tout d'abord l'esprit ionien cherche l'origine des choses dans un des éléments des choses sensibles (l'eau, par exemple, ou Tair), ou dans la matière confuse et indistincte. Pythagore rejette cet ordre d'explications : il fait consister 1 Être dans le Nombre, c est-à-dire dans une abstraction, mais qu'il prend pour quelque chose do concret ; c'était au fond une manière de dire que la ma- tière sensible n'arrive vraiment à l'existence que par la proportion et par la forme. Xénophane, à son tour, rem- place le Nombre par l'Unité ; l'Être, dans son essence, est immuable, immobile (co qu'il tache d'ailleurs de concilier avec une partie au moins des doctrines ionien- nos, car celles-ci lui paraissent, sinon aller au fond des choses, du moins offrir une explication des apparences sensibles que prend l'Être). Tandis que Parménide pousse à bout la doctrine de Xénophane, Heraclite en prend le conlre-pied : rcssence de l'Être n'est pas l'immobilité, c'est le changement; le principe des choses est le feu, image de cette mobilité incessante qui entraîne tout. Arrive alors l'âge des conciliateurs. Anaxagore, tout en gardant quelque chose de la physique ionienne et du mouvement d'Heraclite, cherche un principe d'unité moins abslrait que l'Un des Eléates : il appelle Raison (XoOç) le principe do mouvement et de séparation qui débrouille son chaos. Empédocle d'Agrigcnte emprunte à tous CCS systèmes. Mais l'âge des concilialeurs est d'ordinaire aussi celui des sceptiques : la diversité des afflrmations contraires produit ces deux effets, de pousser les uns à chercher un moyen terme, les autres à tout rejeter. Ce dernier parti est celui que prennent les sophistes du v® siècle. Renoncer à la vaine poursuite de la science totale, sur laquelle on a jusque-là tant affirmé et si peu prouvé, s'enfermer dans la connaissance des

�� �