Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/463

Cette page n’a pas encore été corrigée

MUSÉE — LINOS — ORPHÉE 451

coup plus complètement; mais il y a tout d'abord à leur sujet une distinction capitale à établir. Tandis que les poèmes apocryphes de Musée remontent tous assez haut, le recueil des poèmes orphiques, au contraire, n*a pas cessé de s'accroître durant des siècles, à cause de la per- sistance de la secte, qui a duré jusque vers les premiers temps du christianisme. Aussi le recueil, dans son en- semble, présente-t-il des œuvres de provenance et d'é- poque très différentes. Uapparence en est fort disparate: les unes forment des poèmes qui semblent à peu près intacts ; les autres sont réduites à l'état de fragments. L'intérêt d'ailleurs en est fort inégal. Les poèmes intacts (Hymnes ou Épopées) sont malheureusement les moins intéressants : ce sont des œuvres de très basse époque, où quelques vers plus anciens peuvent seulement avoir été enchâssés *. Les fragments ont parfois plus de valeur, quand ils sont cités par des écrivains de quelque auto- rité ^. Mais il y a toujours quelque doute, et chacun d'eux a besoin d*être examiné de près \ Au point de vue littéraire d'ailleurs, il n'y a pas lieu de s'y arrêter, car les seuls qu'on puisse rapporter avec certitude à une époque un peu reculée sont de valeur médiocre.

A côté d'Orphée lui-même, à qui l'opinion populaire

��1. Les poèmes dits orphiques ont été publiés par Q. Hermann {Orphica, Leipzig, 1805).

2. Les fragments ont été recueillis par Lobeck, Aglaophamus, Kœ* nigsberg, 1829 (livre II) ; puis, de nouveau^ plus amplement, par Mullach, dans les Fragmenta philosophorum grœcoruniy t. I, p. 166 et sulv. (1860, Bibl. Didot), et enfin, plus complètement encore, par Àbel, Orphica et Pvocli hymnos, etc., 1885.

3. Parmi ces fragments orphiques, deux sont rapportés par Platon {Cratyle, p. 402, B, et Philèbe, p. 66, G) ; cela suffit pour établir l'exis- tence au v« siècle d'un recueil orphique, mais non pour permettre do distinguer ce qui, dans nos fragments, appartenait à ce recueil et ce qui était de date*plus récente. Sur toutes ces questions, cf. Otto Gruppe, ouvrage cité, p. 553-558 et 612-675. Cf. aussi 0, Kern, De Or^ phei, Epunenidis, Pherecydit Theogoniis, Berlin, 1888.

�� �