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LITTÉRATURE MYSTIQUE 449

Le VI® siècle vit fleurir dans ces deux genres une foule de productions. On les attribuait en général à quel- qu'un des grands poètes légendaires dont les différentes sectes mystiques se réclamaient, Orphée pour l'Orphisme, Musée pour la littérature élcusinienne, Linos pour le Pythagorisme orphique. Mais les esprits éclairés n'a- vaient pas d'illusion à cet égard : Hérodote déjà décla- rait nettement que tous ces poètes étaient postérieurs à Homère et à Hésiode ^ De cette vaste littérature apo- cryphe, un certain nombre de débris sont arrivés jus- qu'à nous, perdus et comme noyés dans une masse d'é- crits plus récents encore, si bien qu'il est aujourd'hui fort difficile de s'y reconnaître. Â côté d'ailleurs de ces grands poètes légendaires, d'autres noms nous ont été transmis comme étant ceux d'arrangeurs, d'éditeurs des vieilles poésies : parmi les arrangeurs, plus d'un certai- nement avait inventé ce qu'on croyait plus tard qu'il avait seulement recueilli. D'autres œuvres enfin sont franchement anonymes, les unes do date tout à fait ré- cente, mais quelques-unes peut-être assez anciennes. Nous n'avons pas à débrouiller tout ce chaos, car nous serions amenés à nous éloigner beaucoup de la période histori- que où nous sommes parvenus, et cela sans grand pro- fit pour la littérature, qui n'a que peu avoir dans la plu- part de ces apocryphes. Il suffira de donner quelques brèves indications sur les principaux noms et les prin*

��1. Hérodote, II, 53. Comparer Topinioa d'Aristote rapportée par Gicéron, De Nai, Deorum, I, 38 : « Orpheum poetam docet Aristotelea nunquam fuisse, et hoc Orphicum carmen Pythagorei fernnt cujus-* dam fuisse Gercopis.» Aristote n'allait pourtant pas jusqu'à nier que les poèmes orphiques ne rendissent la pensée d'Orphée : c'était seu-» lement la forme qu'il regardait comme apocryphe. Cf. le commentaire de Philoponos sur Aristote, Ilep^ ^'^X^^) ^* ^ (reproduit dans le t. V de l'Aristote-Bekker, p. 1475, A, fragm. 9). Cf. Mélaphys,, p. 1091, B, 4, où Aristote semble aToir en vue la Théogonie orphique, à la«  quelle par conséquent il attribue quelque valeur.

Hisk. de la Litk. gracqua. — T. II. 29

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