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448 CHAPITRE VIII. — ORACLES ET MYSTÈRES

s’abstiennent de manger de la chair ^ ; ils portent des vêtements blancs et, quand ils meurent, on les ensevelit dans du lin ^

Par cette discipline ascétique aussi bien que par quelques-unes de ses vues théoriques, TOrphisme présente des analogies frappantes avec la secte pythagoricienne. On sait que celle-ci, après la révolution qui, vers la fin du vi’* siècle, la chassa de plusieurs des villes de la Grande- Grèce, se rapprocha des Orphiques, et qu’il se produisit une véritable fusion entre les deux sociétés. Il en résulte qu’on a quelque peine à distinguer ce qui, dans la secte nouvelle des orphico-pythagoriciens, vient plutôt de Pythagore ou plutôt des anciens Orphiques ^ Ce qui est sûr du moins, c*est que ce rapprochement n’a pu se faire qu’en raison d’une ressemblance antérieure assez étroite. Il est d’ailleurs certain que la conséquence de cette fusion fut un développement nouveau des doctrines orphiques, réservées, comme on sait, à de longues destinées encore et à plus d une renaissance inattendue. Mais nous n’avons pas à les suivre dans cette évolution, et c’est seulement du vi^ siècle que nous avons à nous occuper.

L’épanouissement du mysticisme eut pour conséquence l’apparition de formes littéraires nouvelles. Les unes se rattachaient directement aux rites mêmes des mystères ; par exemple les chants de purification (xaOap[jLot), les hym- nes (5;/.voi), les discours sacrés (Upol Wy^i). D’autres, comme les Théogonies (Oeoyoviai), les Testaments (SiaÔYixai) les <( Cratères » et les « Péplos », sont des œuvres inspirées sans doute par les légendes et par les doctrines mystiques, mais qui, n’ayant aucun rôle à jouer dans la liturgie même des mystères, se distinguent par là des précédentes.

1. Aristophane, Grenouilles, 1032.

2. Hérodote. II, 81.

3. ZeUer, p. 313 et Buiy.