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378 CHAPITRE VII. — PINDARE

séparés les uns des autres par leurs imperfections; celles- ci disparaissant, les diiïérences aussi s'évanouissent dans la plénitude de la beauté intellectuelle et morale. Les dieux de Pindare ne sont que les noms traditionnels d'une divinité unique. On n'est pas surpris que, dans un frag- ment, s'interrogeant sur ce qu'est Dieu et sur ce qu'il n'est pas, il réponde, sans image cette fois, mais avec une concision énergique : « Dieu, c'est le tout * ».

De ces hautes idées sur les dieux dérive naturellemeot chez Pindare l'habitude de prier et d'adorer. Les odes triomphales sont pleines de prières. Il met la force des héros sous la protection des dieux. U implore en leur faveur ce rayon divin quiéclaire la destinée del'homme^ « Puissions-nous, ô Zeus, te plaire toujours ^. » Dans une autre ode, il demande à Apollon non des avantages matériels, mais des grâces morales : il demande à se gouverner selon les lois du dieu, comme un serviteur obéissant *.

Quand les vieilles légendes ne répondent pas à l'idée si pure qu'il se fait des dieux, il n'hésite pas à les corri- ger. Nous lavons vu plus haut pour l'histoire de Coronis et du corbeau. Les exemples en sont nombreux °. Le premier devoir de la piété est de ne pas rapporter sur les dieux des histoires inconciliables avec Tidée de leur per- fection. Pindare est déjà sur ce chapitre presque aussi sévère que Platon lui-même. Une légende racontait qu'Héraclès avait lutté un jour à lui seul contre trois dieux. Pindare y fait quelque part allusion ; mais aussi- tôt :

��i. Fragm. 117. Je lis, avec Bergk : Tt Os&ç; tt 8' ov; to wSv. I^e Rons d'ailleurs n'est pas douteux» quelque loron qu'on adopte. 2. A'.rWgoToc arY).a {Pi/th. VIII, 13r,).

X pj/ifi. i, ne.

4. /'//M. VIII, 97.

.">. Cf. Poéaie de Pindare, p. 185.

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