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376 CHAPITRE VII. — PINDARE

phe, du moins dans ses vers. Par là, tous les poètes ly- riques se ressemblent. Même ceux qui personnellement, comme le poète dithyrambique Diagoras de Mélos, sont des athées, font dos vers reh'gieux ^ Qu'on s'appelle Simo- nide ou Pindare, on est d'abord poète lyrique, et cola seul implique une foule de points communs. — Mais, à côté de cette obligation professionnelle, pour ainsi dire, il reste encore une largo place à la liberté de chaque es- prit. L'un peut chercher dans la mythologie des tableaux brillants, l'autre, des leçons morales : l'un, prendre la vie comme un jeu, l'autre, comme une chose grave. Pindare est de ceux qui sont habituellement sérieux. C'est un Do- rien, un haut et flor esprit, ami do Tordre et de la règle. Rien d'ascétique chez lui, bien entendu : il est trop poète et trop Grec pour cela : il sait se prêter à la diversité des circonstances; le lion sait sourire^; il aime l'éclat et la douceur des choses comme il en aime la conformité avec la loi. Mais il cherche surtout le noble et le sublime.

Ses dieux portent les mêmes noms que ceux d'Homère et sont les mêmes en apparence ; mais combien ils sont différents en réalité ! combien plus purs, plus parfaits, plus spirituels au sens théologique du mot! L'idée de la perfection divine éclate partout dans ses poèmes. La divinité est toute-puissante :

Dieu seul, dit Pindare, achève toute chose selon son espé- rance ; Dieu, qui atteint l'aigle à Paile rapide et qui devance le dauphin au fond des mers ; Dieu, qui abaisse Tesprit or- gueilleux des mortels et transporte de l'un à l'autre la gloire qui préserve de vieillir 3.

Aucune merveille, venant de la divinité, ne lui paraît difflcile à croire, car il no peut assigner do limite à sa

1. Phèdre TEpicurien, p. 23 (édition de Pétersbourg).

2. Mol d'un scholiasto sur Thucydide.

3. Pyth, II, 89. Cf. fragm. 119 et 8o.

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