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860 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

fois encore, en ce temps des Simonide et dos Pindare, des femmes grecques suivre de loin les traces glorieuses de Sappho.

La plus célèbre de ces femmes poètes est Corinne, née à Thèbes, selon les uns, à Tanagre, selon les autres ^ Elle était plus âgée que Pindare, à qui la tradition pré- tendait qu'elle avait enseigné son art : c'est elle, suivant un biographe du grand lyrique, qui lui avait appris « les lois des mythes ^ » On racontait à ce sujet une anec- dote. Pindare, à ses débuts, avait composé une ode où les mythes manquaient. Corinne len blâma. Le jeune poète, dans un second poème, ne sut pas éviter l'excès contraire. Corinne alors lui fit cette observation, devenue proverbiale, qu'il fallait « semer à pleine main, non à plein sac ^ » D'autres récits nous la montrent luttant contre Pindare lui-même dans des concours, et l'empor- tant sur lui. Pausanias, qui raconte le fait, suppose, d'après un portrait d'elle qui se voyait à Tanagre, que sa beauté dut contribuer à son succès; il ajoute que le dialecte strictement local dont elle se servait la fit sans doute aussi apprécier plus favorablement par des juges béotiens *. Nous ne savons pas exactement quel genre d'œuvres elle avait composées. Il semble pourtant, d'a- près les rares fragments qui nous en restent et d'après quelques allusions des anciens, qu'elle avait souvent ra- conté les légendes béotiennes; les mythes occupaient sans doute la place d'honneur dans ses poèmes et elle a pu donner à ce sujet quelques bons exemples à son com- patriote Pindare. Ces fragments confirment aussi ce que

��1. Suidas, K6pivva.

2. 0e(i.EéXid( T* wiracre ptjOwv {Vie de Pindare en vers).

3. Plutarque, Gloii^e des Athéniens^ c. U, p. 347, F. Cf. Pindare, fragm. 6.

4. Pausanias, IX, 22, 3. Cf. aussi Pindare, fragm. 80, avec la cor- rection de Gcel (dans Bergk).

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