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qu’était ce genre, nous n’avons pas à le dire en détail pour le moment; cette étude viendra plus à propos quand nous rencontrerons des documents tout à fait incontestables et solides; mais on ne peut guère douter que l’origine n'en doive être cherchée dans l’œuvre d’Ibycos.

Ajoutons que, si les poésies amoureuses d’Ibycos étaient des poésies chorales et d’apparat, on est amené à se demander dans quelle mesure elles exprimaient des sentiments vraiment personnels à leur auteur. L’éclat d’une représentation publique ne comporte guère, semble-t-il, des confidences intimes, et d’ailleurs c’est surtout Polycrate qui devait en avoir le bénéfice. Il est probable que, dans la poésie amoureuse d’Ibycos, il y avait une large part de galanterie générale et simplement poétique, et qu’il était quelquefois l’interprète d’autrui. Cela n’exclut d’ailleurs ni la vivacité du langage ni une sorte d’ardeur où le sentiment esthétique du beau tenait la première place.

Parmi les fragments de ses poèmes, deux seulement sont assez longs (quoique bien courts encore) pour laisser entrevoir quelque chose de sa manière. On y trouve à la fois de la grâce et de la passion, et une passion qui s’exprime avec une extrême ardeur, par de très vives images, mais sans aucun de ces traits particuliers et pénétrants qu’on trouve chez un Alcéo: c’est l’amour en général qu’il semble peindre par son propre exemple plutôt qu’un amour présent et déterminé. Il y a même, dans l’expression au moins de ses sentiments, une part d'imitation littéraire, car il se souvient de Sappho : dans quelle mesure son amour est-il réel ou simplement poétique, nous ne le savons pas.

Au printemps, les pommiers Kydoniens, arrosés par l'eau des rivières dans le frais jardin des Nymphes, se parent de verdure, et, à l'ombre des pampres, la jeune grappe grandis-