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l'emploi du refrain dans certaines pièces contribuaient sans aucun doute au même eiTet. Cette naïveté voulue rappelle celle de Théoorite ; comme celle-ci, d'ailleurs, elle s'allie avec une grande puissance d'expression quand le sentiment rexige,ct avec une sobriété élégante qui est la marque d'un art très savant ou d'un goût très fm. Seulement l'art de Sappho est plus spontané : il y a chez elle plus de naïveté vraie et de simplicité non cher- chée. Le chant d'hyménée comporte souvent une partie plaisante. Sappho ne reculait pas devant ce côté de sa tâche. Ses plaisanteries sur l'époux campagnard (aypio; vuaçioc) et sur le portier des noces étaient célè- bres : Démétrius y fait allusion K Elle disait de ce der- nier personnage :

Le portier a des pieds longs de sept toises, et des sandales faites de cinq cuirs de bœuf; dix savetiers y ont travaillé •

Démétrius note la simplicité du style do ces passages, qui rappelaient le langage parlé. On en peut dire autant du morceau suivant, où elle représente avec gaîté la haute taille de l'époux :

Élevez le toit de la demeure,

O hy menée, Ëlevez-lo haut, charpentiers,

O hyménée; L'époux arrive, égal i\ Ares,

O hyménée, Bien plus grand qu'un bel homme

O hyménée \

1. DetEîoculîon, 167.

2. Fragm. 98.

3. Fragm. 91. J'ai suivi la division métrique et lo texte de Bôrgk (4e édition), bien qu'on puisse être tenté do rattacher à la mémo pièce le fragm. 92 et de réduire les vers du fragm. 91 à deux hexa- mètres.

Hist. de la Litt. grecqas. — T. II. IG

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