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SAPPHO 287

plus généraux, tantôt joyeux et tantôt tristes ; de là ces changements de rythmes qui dénotent un art savant et délicat. Mais la matière, en somme, est toujours sem- blable : même dans ses hymnes, il est probable qu'elle chantait Aphrodite plus souvent que Zeus ^ : le maitre de sa pensée, c'est Eros, qui sans cesse agite son cœur et éveille son imagination; c*est par lui que son souvenir est resté vivant dans la postérité; c'est toujours lui qu'elle chante, avec un mélange original et exquis de grâce, de passion et de naïveté.

La beauté qu'elle célèbre est surtout riante et gracieuse: c'est celle de l'aimable Aphrodite plutôt que de la majes- tueuse Athéné. « pures Charités aux bras de roses, filles de Zeus, » disait-elle dans une de ses odes ' . Et Philostrate, à ce propos, note que Sappho a pour la rose une prédilection déclarée, qu'elle la vante sans cesse et qu'elle aime à comparer avec elle les plus belles de ses compagnes '. Pour exprimer la gloire poétique, elle dit « les roses de la Piérie ^ ». Dans la Cowonne de Mé- léagre, la rose est attribuée à Sappho ^ Elle loue quel- que part Gléis « semblable aux fleurs d'or*». Elle parle plusieurs fois de l'hyacinthe. Ses vers, dit Démétrius, sont pleins d'amour, d*alcyons, de printemps '. Elle veut que la belle jeunesse se pare de couronnes de fleurs :

Enlace de tes mains délicates, 6 Diké, les guirlandes autour de ta chevelure ; de belles fleurs ajoutent à la grâce ; on se détourne d'un front sans couronne s,

1 . Les fragm. 62 et 63, oCi il est question d'Adonis, peuvent avoir appartenu à des hymnes.

2. Fragm. 65.

3. Philostrate, EpUres, 71.

4. Fragm. 68.

5. Anthol. Palat, IV, i, 6.

6. Fragm. 85.

7. De PÉlocuHon, 132 et 166.

8. Fragm. 78. Le texte est mal établi ; j'en donne le sens général et résumé plutôt qu'une traduction exacte.

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