Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée

10 CHAPITRE I". — ORIGINES DU LYRISME

beaucoup à celle-ci : des mots, des tours, des façons de dire, même des formes grammaticales; le dialecte épique et le style épique furent toujours présents à la pensée des poètes lyriques. Entre ce dialecte et celui qui se parlait autour d'eux, il y avait un intervalle considérable qui pouvait admettre bien des degrés intermédiaires. Avec la même finesse de goût que nous avons déjà signalée, le lyrisme choisit tantôt l'un, tantôt Tautre de ces degrés in- termédiaires, selon les circonstances. La nature du sujet, le rythme adopté, la forme de l'exécution déterminaient le poète à se rapprocher ou à s*éIoigner de la forme épi- que. Un autre point à remarquer, c'est que la liberté dialectale et le caractère local du langage lyrique ne furent entiers qu'au début et pendant le premier des deux siècles que remplit Thisloire du lyrisme. Plus tard, il s'é- tablit une tradition lyrique et une sorte de canon général analogueà celui queTépopéc ionienne avait précédemment constitué. Chaque genre lyrique fut comme voué au dia- lecte dans lequel il avait pour la première fois conquis la plénitude de sa dignité littéraire. C'est ainsi que le ly- risme choral s'exprima toujours en doricn, même dans le drame atlique du v® siècle. Il est vrai qu'ici encore il y avait toutes sortes de degrés et de nuances dans l'em- ploi des formes consacrées, et ces nuances étaient tou- jours laissées au choix de Tartiste, c'esl-à-dire qu'elles résultaient d'une foule de convenances fortdélicales qu'il appréciait souverainement. Il en fut de même pour le style. Chaque genre finit par s'imposer à cet égard des usages qui lui étaient propres. Mais ces usages n'avaient rien de rigoureux et laissaient encore à la liberté du poète uu rôle qu'il remplissait avec autant de hardiesse que de goût. Tout cet ensemble de caractères, malgré les différen- ces individuelles et les progrès incessants se maintenait par une tradition très forte. Dans chaque genre, mais surtout dans les plus solennels et les plus savants, il y

�� �