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CARACTÈRES GÉNÉRAUX 175

rapidement, seinble-t-il, que pour l'élégie. En ce qui con- cerne celle-ci, ce n*est guère qu'avec Phocylide qu'on trouve des vers élégiaques certainement destinés à la simple récitation. Pour la poésie iambique, cette trans- formation s'accomplit presque aussitôt après Ârchiloque, au moins partiellement : parmi les vers de Simonide d'Àmorgos, beaucoup n'ont certainement jamais été ni chantés ni même déclamés musicalement.

La poésie iambique présente, parmi les autres formes de la poésie grecque, un caractère assez particulier : c'est d'avoir été, à ce qu'il semble, le bien propre d'une seule des trois grandes races qui se partagent la littérature avant la suprématie de Tatticisme. Tandis que l'élégie et toutes les autres branches du lyrisme, sans parler de l'épopée, ont été cultivées, quelque fût leur lieu d'ori- gine, au moins par deux de ces races grecques sinon par toutes les trois, l'iambe au contraire ne fleurit que chez les Ioniens : en dehors de l'Ionie, Athènes seule, à notre connaissance, a produit des poètes iambiques proprement dits (car les poètes dramatiques, même quand ils se sont servis de l'iambe, ne sont pas de véritables poètes iambi- ques) : or, Athènes elle-même est étroitement apparentée à rionie. Il est difficile d'expliquer d'une manière satis- faisante ce fait singulier, qu'on a peine pourtant à consi- dérer comme dû simplement au hasard '. Au reste, il est à noter que Tiambe, destiné à tenir une si grande place dans la littérature sous la l'orme dramatique, n'a qu'une histoire assez courte comme genre distinct : après avoir

1. A moins que celto absence de poètes iambiques doriens ne soit surtout l'elTet des ravages du temps. Epicharme, dans un fragment de son Aoyo; xai Aoyiwa;, désigne un certain Aristoxène comme étant son prédécesseur. Il e^t probable que cet Aristoxène avait fait quel- que chose comme des comédies en vers iambiques; mais cette comédie primitive imitait sans doute d'assez près les railleries des mystères éleusiniens, et peut-être ressemblait-elle plus à la poésie d' Archi- loque qu'à celle d'Ëpicharme lai-même.

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