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170 CHAPITRE IV. — POÉSIE lAMBIQUE

consistent donc ces caractères? Avant de répondre à cette question, il est nécessaire de dire quelque chose do l'é- tymologie du mot iambe et des origines de cette sorte de rythme.

L'hymne homérique à Déméter raconte que la déesse, cherchant sa fille, vint à Eleusis; là, elle se consumait dans la douleur, quand une servante du nom dlambé la fit rire par ses plaisanteries et soulagea un instant son chagrin, ce qui valut plus tard à la jeune fille l'honneur d'avoir une place dans la célébration des mystères *. On a généralement conclu de ce très curieux récit que Tiambe était sorti du culte de Déméter; hypothèse d'autant plus naturelle que le même hymne* nous montre ce culte flo- rissant dans Tilo de Paros, la patrie d'Archiloque, et qu'un des vers qui nous restent de ce poète est justement consacré à célébrer Déméter et Koré \ Comme d'ailleurs le rythme iambique, dans le culte de Déméter, servait à l'expression de la raillerie, on a rapproché le mot tai^So; du verbe lawreiv {lancer ou jeter) et considéré Tiambe, au point de vue étymologique, comme la moquerie « jetée » par la verve populaire à la tête de ceux qu'elle voulait tourner en ridicule. D'autres savants ne sont pas de cet avis *. Ils font remarquer que les mètres trochaïques (va- riété du Y^'w^ ia[t6ix6v) étaient en usage dans le culte do Dionysos, que la tripodie trochaïque notamment, dite vers ithy phallique^ rappelle certains rites naturalistes de ce culte, d'origine certainement orientale; ils veulent, en conséquence, rattacher à la langue phrygienne le mot la(x.6o;. La question étymologique, à vrai dire, est dou-

��1. Hymne à Déméter^ 202-205.

2. Ibid., 491.

3. Fragm. 120. A quoi il faut ajouter la tradition relative à son grand-pôre Tellis, donné comme un des fondateurs du culte de Déméter à Thasos (Pausanias, X, 28, 3).

4. Flach, p. 2^0.

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