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PHOGYLIDE 167

]u'eQ puisse dire Chaméléon ^ ; ce sont des vers destinés i la lecture. La conversation, où ils pouvaient trouver aisément place, dut les faire circuler comme des prover- bes ; c'était en effet une sorte de proverbes, mais mieux Tappés que les proverbes populaires. Il nous reste une quinzaine de ces petits morceaux. Plusieurs se lisent déjà [plus ou moins explicitement) dans Platon et dans Aris- Lote; preuve de la réputation de Phocylide. Quelques autres peut-être se cachent dans le recueil de Théognis. On y trouve d'ailleurs peu de choses vraiment notables, soit pour le fond soit pour la forme : c'est plutôt net, sensé, judicieux, que profond ou spirituel. Voici cepen- dant une Gne observation :

Beaucoup, à les voir marcher avec gravité, semblent sages, dont Tesprit pourtant est léger.

Et ceci^ sur l'utilité d'un bon gouvernement :

Mieux vaut petite ville bien gouvernée, fût-ce à la pointe d'un roc, que Ninive frappée de vertige.

Mais le plus célèbre des dictons de Phocylide est celui-ci, souvent imité :

Voici ce que dit Phocylide: les gens de Léros ne valent pas cher; ce n'est pas l'un ou l'autre par hasard qui est mauvais; c'est tout le monde, sauf Proclés; et encore Proclès est de Léros *.

1. V. plus haut, p. 94-95.

2, Nous avons également, sous le nom de Phocylide, un recueil d'en- viron 230 vers qui est appelé vulgairement IloîritJia vouOerix^v. C'est une œuvre apocryphe dont nous n'avons pas à nous occuper ici. Bernays {Ueber das Phokylideische Gedicht, Breslau, 1856 ; t. I des Gesammle Ahhandlungen von J. Bernays, Berlin, 1885) a démontré que cepodme était l'œuvre de quelque Juif hellénisant, et résultait d'un curieux mélange entre certains débris de la vieille sagesse grecque et des souvenirs bibliques.

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