Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

THÉOGNIS 143

opposition aux « méchants », xaxoî, c'est-à-dire aux plé- béiens. Sa vie a élé longue : il parle de la vieillesse tan- tôt c<imme approchante * tantôt comme déjà venue ^. Il a traversé par conséquent toutes sortes de vicissitudes. Il a été riche, puis ruiné. Il a vu son parti dominant, puis renversé. Il a connu des périodes d'accalmie, où les clas- ses hostiles semblaient se rapprocher. Mais bientôt la lutte a repris. Il a dû s'exiler ; il a voyagé en Grèce et en Sicile, criant vengeance et appelant de ses vœux une nouvelle révolution. Cependant la fortune changea une fois de plus. L'aristocralie reprit l'avantage et Théognis rentra dans sa patrie. Il semble qu'il y vécut encore assez longtemps et qu'un certain nombre de ses poésies se rapportent à cette période de sa vie ; mais on ne peut être très précis à ce sujet. Parmi ces vicissitudes politi- ques, qui remplissent ses vers, on entrevoit aussi des souffrances d'un caractère plus personnel, un amour accueilli par la jeime fîllo à laquelle il s'adressait, mais rejeté par les parents, qui préfèrent un plébéien riche à un noble pauvre ^ L'âme de Théognis subit fortement le contre-coup de celte existence agitée. Sa poésie est l'œu- vre de sa vie entière et l'image fidèle de son âme.

Les Elégies à Kyrnos paraissent avoir été la partie la plus célèbre de son œuvre *. Kyrnos, fils de Polypaos S

1. V. 1132. Il n'y a aucune niison d'attribuer ces versa Mimnerme, comme le fait Bergk, dubitativement d'ailleurs.

2. V. 1351.

3. V. 261-266. Cf. 257-260, où c'est la jeune fille qui parle. Le roman aurait bien fini, à en ju(;er par les v. 1225-1226.

4. Le titre rvcotioXoyîa irpbc K'jpvov, donné par Suidas, est douteux, bien que Plutarque dise aussi {Manière de lire les poètes ^ 2) : YVb>(xo- XoY^ai BetSyviSo;. C'est sous forme de gnomologies que les élégies de Théognis avaient de bonne heure fait leur chemin, mais on ne peut affirmer que ce fût le titre primitif.

5. Polypaos ou Polypas plutôt que Polypaïs (Ahrens, De grœc. ling. dial., II, 143). Le nom de Polypaos semble se rattacher à la même racine que le verbe 7cào(iai et avoir le même sens que l'adjectif no-

�� �