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140 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

Mais il est probable que, dans cette partie du recueil comme dans le reste, la plupart des vers sont do Théo- gnis. D'où viennent-ils, en effet, s'ils ne sont pas de lui, et pourquoi les a-t-on ainsi rattachés aux Sentences du poète de Mégare? On a proposé sur ce point toutes sortes d'hypothèses * ; mais ce qu'on ne peut nier, c*est que beau- coup d'entre eux, à ne considérer que le style et la versifi- cation, aient tout à fait l'air d'être authentiques '. Il faut donc supposer que le faussaire (placé par les uns au iv® siècle avant Jésus-Christ, par les autres dans la période Byzantine!) avait merveilleusement réussi, dans un grand nombre de cas, à imiter la manière du poète auquel il voulait prêter ses propres inventions, et qu'en outre il avait eu la bizarre idée d'attacher cette sorte d'appendice au recueil le moins fait pour Tappeler. Il est plus simple d'admettre que Théognis, en morale comme k tous égards, était de son temps et de son pays, et que cet épi- logue suspect présente à peu près la même proportion de vers authentiques que le reste du recueil. Ajoutons tout de suite, pour n'y plus revenir, que si le fond des choses y est ce qu'on sait, l'expression pourtant y reste plus mesurée et plus chaste qu'elle ne l'est parfois chez les poètes grecs dont la réputation est le moins suspecte. Pour conclure sur toutes ces questions d'authenticité, on peut dire que la figure de Théognis, malgré les inter- polations, apparaît en somme avec netteté dans ses prin- cipales lignes, et que si, sur tel ou tel vers en particulier, il est parfois difficile de se prononcer avec décision pour ou contre l'authenticité, dans l'ensemble, malgré tout, nous le connaissons assez bien. Cela est vrai non seule- ment de sa physionomie morale et littéraire, mais aussi de sa biographie même, à la condition d'exiger moins

��i. Cf. A. Couat, p. 285, 2. Id., p. 286.

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