Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

96 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

vrions accepter le témoignage d'Athénée. Heureusement Théognis est beaucoup plus explicite : il mentionne à plusieurs reprises la flûte du festin \ Même en admettant que deux ou trois de ces passages, recueillis dans les Sentences de Théognis, soient en réalité de Mimnerme ou de quelque autre poète plus ancien, il on reste encore plusieurs dont l'origine est incontestable. Un surtout est décisif *. Théognis promet à Kyrnos l'immortalité grâce à ses vers, et il dit que les jeunes hommes, au son de la flûte^ le chanteront dans les festins. Ces <( jeunes hom- mes » ne sont pas, comme on l'a parfois supposé, des choreutes; le pluriel véoi avSpe; n'indique pas que plu- sieurs de ces jeunes hommes chantent ensemble et en chœur, ce qui exclurait l'idée d'une élégie; on voit par tout le contexte qu'il s'agit des jeunes hommes qui se réunissent dans les festins (Ootvr,^ Se xat eiXaTctVYicri TzoL^iQtrr) et qui boivent ensemble en chantant tour à tour des élé- gies au son de la flûte. On chantait donc encore l'élégie au temps de Théognis. Et on ne peut même pas dire, avec certains érudits, qu'on y chantât seulement certaines élégies courtes, à la façon de celles de Mimnerme, où les poètes célébraient le vin, le plaisir, la jeunesse : Théognis parle des élégies adressées à Kyrnos, dont Je plus grand nombre, on n'en peut douter, étaient des élégies surtout morales et gnomiques. Athénée s'est donc trompé ; Cha- méléon, plus exacl, a manqué, semble-t-il, de précision. Il est certain qu'au moins jusqu'au v^ siècle, Télégie a été chantée habituellement. — S'ensuit-il qu'elle le fût tou- jours ? Nullement. Le poème et l'accompagnement, dans l'élégie, étaient moins étroitement liés que dans les

1. Théognis, v. 241, 533. 939, 943, 1041, 1055 (passages cités par Bergk).

2. V. 237-252. Rornhardy, Giiech. Liter., 1. 1, p. 533 (3« éd.), conteste Tauthenticité de ce passage, mais par des raisons purement « sub- jectives». Bergk la défend (Rhein. Mus. t. 111, p. 206 sqq. et 396 sqq.).

�� �