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INTRODUCTION

possible de la réalité, et elle fait de la philosophie morale comme on en fait autour d’elle, moins le dogmatisme qu’elle évite.

III. Période alexandrine (iiie et IIe siècles). — Les conquêtes d’Alexandre mettent fin à l’importance politique d’Athènes et par suite à sa primauté littéraire. Le monde grec voit brusquement reculer ses limites et agrandir son horizon. Des royaumes helléniques se fondent, des capitales nouvelles surgissent, entourées de l’éclat que leur donnent des monarchies à demi orientales. Alexandrie, bâtie par le conquérant, devient en quelques années une des plus grandes villes du monde. Les Ptolémées y rassemblent autour d’eux les littérateurs et les savants. C’est elle qui est reconnue alors comme le foyer principal de la haute civilisation grecque, tandis qu’au second rang d’autres capitales, telles que Pergame, Antioche, Syracuse, font de plus en plus oublier Athènes. Mais dans le cours du deuxième siècle avant notre ère, Rome grandit chaque jour et son ombre s’étend sur le monde grec. En 146, la Grèce devient une province romaine, et les Grecs, lettrés ou savants, quittant leur patrie, affluent de plus en plus auprès de leurs nouveaux maîtres. Dès la fin de ce siècle, Rome est réellement le centre du monde civilisé, et plus de soixante-dix ans avant la bataille d’Actium, qui fera de l’Égypte elle-même une province romaine (30 av. J.-C.), on peut dire que la période alexandrine est close, puisque tous les regards sont tournés vers un seul point du monde et que ce point est Rome.

Les deux siècles qui constituent ensemble cette période marquent la dernière phase de révolution naturelle du génie grec. C’est alors qu’il devient