166 CHAPITRE II. — ANALYSE DE L'ILIADE
caractérisés, mais tout le livre plaît par la délicatesse et la douceur des sentiments, et lorsque le poète met Priam en présence d'Achille, il atteint sans effort au pathétique le plus sublime. Malgré cela, il paraît difficile de l'identifier avec l'auteur du vingt- deuxième chant et des parties les plus anciennes de VIliade, On a remarqué souvent combien le rôle d'Hermès, insignifiant dans le reste du poème et con- sidérable au contraire dans V Odyssée^ prend d'impor- tance dans ce récit du Rachat d'Hector. C'est là une observation qui a sa valeur, bien qu'après tout cette innovation ne soitpas absolument inexplicable, même dans l'hypothèse d'un poète unique. Mais les indices tirés des caractères littéraires nous semblent plus décisifs. Le ton général est plus voisin de celui de V Odyssée que de celui des parties anciennes de VIliade. De nombreuses expressions sont même emprun- tées à telle ou telle partie de ce poème *. D'ailleurs tout ce qui précède l'action principale, c'est-à-dire la scène du conseil des dieux et la partie du récit re- lative à Thétis, révèle un imitateur, qui, à vrai dire, semble même un peu embarrassé de ses person- nages et ne réussit que médiocrement à leur donner un rôle digne d'eux ^. L'idée du vingt-quatrième livre a dii naître du passage du vingt-deuxième.
��1. Christ, Iliad. carm.y Préf. , p. 34. Il faut faire le travail de rapprochement soi-même, à l'aide des renvois notés au bas des pages, pour constater combien ce XXI V« livre est réellement voisin de V Odyssée.
2. Noter aussi les différences de versification. Christ, Metrik d. Griechen und Romery 2® éd., p. 166 : Dass aucli zwischcn den einzclnen Gesangen des Homer ein grosser Uutcrschied in dcr Kunst des Vcrsbaucs waltet, wird sicli jedcm leicht crgebcn, dcr nur einmal die melodischcn Verse der Mv'-? "»<^ dcr IlpcaSst'a mit den ungelcnken Rytbmen der Auipa "ExTopo; verglichen hat.
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