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CHAPITRE PREMIER. — LES ORIGINES

poésie épique ; à ce titre, elle doit attirer dès à présent notre attention.

II

C’est sur le versant septentrional du mont Olympe, dans la région nommée Piérie, qu’une tradition ancienne plaçait le lieu de naissance des Muses[1]. Cette petite bande de terre montagneuse fut en effet un des berceaux de la poésie hellénique. Là habitait, dans l’âge préhistorique, un groupe de tribus thraces, proches parentes des Phrygiens et des Grecs. En un temps où l’hellénisme n’était pas encore constitué, aucune limite infranchissable ne séparait ces peuples de leurs voisins plus méridionaux. L’Olympe et le mont Piéros, qui en est le prolongement, forment ensemble comme une ligne brisée qui va du Sud au Nord parallèlement au rivage du golfe Thermaïque sur une longueur d’environ soixante ou quatre-vingts kilomètres, entre l’embouchure du Pénée et celle de l’Haliacmon. Venus du Nord et resserrés à l’Ouest et à l’Est entre cette montagne et la mer, les Piériens devaient naturellement chercher une issue vers le Sud. C’est dans cette dernière direction qu’ils entrèrent en contact avec les Grecs proprement dits. À une date incertaine, une colonie de ces Piériens émigra, dit-on, vers le centre de la péninsule hellénique et vint s’établir au pied de l’Hé-

  1. Théogonie, v. 53 : Μοῦσαι Ὀλυμπιάδες, κοῦραι Διὸς αἰγιόχοιο, — τὰς ἐν Πιερίῃ Κρονίδῃ τέκε πατρὶ μιγεῖσα — Μνημοσύνη. Cf. v. 60-62. Sur l’origine des Muses et leur culte, consulter Decharme, Les Muses, et aussi le chapitre relatif au même sujet dans la Mythologie de la Grèce antique du même auteur.