Que c’est treuver en terre un second Paradis
Dieu veuille prosperer cette amitié fidelle
Pour après cette vie jouyr de l’immortelle.
Scène troisième.
Celuy quy est sujiet soubs l’amoureuse loy
Doit servir en effet son tourment comme moÿ.
Promenant l’autre jour je treuvoy une belle
Soubs quy tout l’univers je dois mettre en tutlle,
Ses cheveux esclattans annelés et dorés
Et ses beaux yeux brillans dignes d’estre adorez
Peuvent assujetir l’homme le plus barbare
Esblouyr de ces traicts d’une beauté si rare.
Pour moy j’en suis espris je le veux confesser
Car on ne doit jamais ses vaincqueurs mespriser
Je n’y veux pas cacher les peines que j’endure
Je ne sçaurois nier l’honneur de ma blessure
Quoy que l’on puisse dire, je l’ayme infiniement
Encor que l’on mesdit de mon aveuglement,
Et que quelques raisons font croire que je dois craindre
De n’y pouvoir jamais en si beau lieu attendre
Je combats contre moy, et ma témérité