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Il faut dissimuler, on doit par force feindre
Car il n’est pas séant quelques fois de se plaindre.
Nos courtisans mocqueurs detourneroient le dos
Riroient de voir quelqu’un seicher jusques aux os.
Scavent gausser de tout, trouvent surtout à rire
D’eux mesmes s’ils pouvoient ils en voudroient mesdire
Sur ces amans icy on ne scauroit parler.
Il n’y a pas subjet de tant soit peu railler
Vous les voyez tous deux dedans la modestie
L’amour avec respect maintient les sympathies
De ces esprits unis quy sont dessus mes meurs
Quy est le principal pour jouyr des douceurs
De l’estat où ils sont, et passer cette vie
Sans desdains, sans soupçons d’aucune jalousie.
Tant de rapports hayneux qu’y rompent l’union
Parfaicte d’amitié et de discrétion
Sont bannis de chez eux, et quelque bon génie
Fait que ce que l’un veut, l’autre ne le dénie
Cette belle union de n’avoir qu’un vouloir
Nous doit faire estimer l’amour et son pouvoir
Quelle félicité dans la correspondance
Quy, unissant les cœurs par une confiance
N’en faict qu’une seule ame, esperant que je dis[illisible]