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voie de conséquence. Comme nous avons constamment besoin d’un raisonnement, et que nous nous y accoutumons enfin, il arrive que nous ne remarquons plus cette différence, et que nous pensons souvent, comme par exemple dans l’illusion dite des sens, que nous apercevons immédiatement ce qui n’est cependant que conclu. Dans tout raisonnement est une proposition fondamentale, et une autre qui s’en forme, savoir, la conclusion, et enfin la conséquence, suivant laquelle la vérité de la seconde proposition est nécessairement liée à la vérité de la première. Si dans celle-ci se trouve déjà le jugement conclu, de manière qu’il puisse être tiré sans l’intervention d’une troisième représentation, la conclusion s’appelle immédiate (consequentia immediata), que j’aimerais mieux appeler conclusion intellectuelle. Mais si, outre la connaissance posée en principe, il faut Un autre jugement pour arriver à la conclusion, cette conclusion s’appelle alors raisonnement rationnel. Dans cette proposition : tous les hommes sont mortels, sont déjà les propositions : quelques hommes sont mortels, — quelques mortels sont hommes, — rien d’immortel n’est homme ; et ces propositions sont par conséquent des conclusions immédiates de la première, Au contraire, la proposition : tous les savants sont mortels, n’est pas dans le jugement susdit (car le concept de savant n’y est pas compris), et il n’en pourra résulter, à moins d’un jugement intermédiaire.

405. Dans tout raisonnement rationnel ou médiat, je pense d’abord une règle (major) par l’entendement. En second lieu, je subsume une connaissance à la condition de la règle (minor) par le moyen du jugement pur. Enfin, je détermine ma connaissance par le prédicat de la règle