Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome II, 1864.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

positions générales a priori, elles pourront donc être appelées principes par rapport à leur usage possible.

400. Mais si nous considérons ces principes de l’entendement pur en soi, quant à leur origine, ils ne sont rien moins que des connaissances résultant de concepts ; car ces connaissances ne seraient pas même possibles a priori, si nous n’y faisions entrer l’intuition pure (dans les mathématiques), ou des conditions d’une expérience possible en général. Le principe : tout ce qui arrive à une cause, ne peut absolument pas être conclu du concept de ce qui arrive en général. Ce principe fait plutôt voir comment il est possible d’acquérir primitivement un concept empirique déterminé de quelque chose qui arrive.

L’entendement ne peut donc tirer de concepts des connaissances synthétiques, et ces connaissances sont ce que j’appelle proprement principes [principes absolus] ; tandis que toutes les propositions universelles, en général peuvent s’appeler principes comparatifs [ou relatifs].

401. C’est un vœu bien ancien, et qui s’accomplira peut-être je ne sais dans combien de temps, que celui de pouvoir découvrir enfin, au lieu de l’infinie variété des lois civiles, leurs principes ; car en cela est tout le secret de simplifier, comme on dit, la législation. Mais les lois ne sont ici que des restrictions de notre liberté à des conditions sous lesquelles elle est universellement d’accord avec elle-même ; elles ont donc pour objet quelque chose qui est tout à fait notre propre ouvrage et dont nous pouvons nous-mêmes être cause par ces concepts. Mais s’il n’est pas impossible, il est du moins très étrange de demander comment des objets en soi, et par conséquent la nature des choses, sont soumis à des