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gique donnera en même temps la clef du concept transcendantal, et que la table des fonctions des concepts intellectuels donnera la branche des concepts rationnels.

397. Nous avons défini l’entendement dans la première partie de notre logique transcendantale : la faculté des règles. Nous en distinguons ici la raison, en ce que nous l’appelons la faculté des principes.

398. L’expression de principe est ambiguë, et ne signifie communément qu’une connaissance dont nous pouvons faire usage comme principe, quoique, en elle-même et quant à sa propre origine, elle ne soit pas un principe. Toute proposition générale, fût-elle dérivée de l’expérience (par induction), peut servir de majeure dans un raisonnement, mais elle n’est pas pour cela un principe. Les axiomes mathématiques (v. g., entre deux points il ne peut y avoir qu’une ligne droite), sont des connaissances générales a priori, et sont appelés, avec raison, des principes relativement aux cas qui leur sont soumis. Mais je né puis pas dire pour cela que je connais cette propriété de la ligne droite en général et en soi, par principes ; je ne la donnais que dans l’intuition pure.

399. J’appellerai donc connaissance par principes celle qui a lieu quand je connais le particulier dans le général au moyen de concepts. Tout raisonnement est ainsi une manière de dériver une connaissance de quelque principe. Car la majeure donne toujours un concept qui fait que tout ce qui est subsumé à sa condition est connu par elle d’après un principe. Or, comme toute connaissance générale peut servir de majeure dans un raisonnement, et que l’entendement fournit de ces pro-