Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome II, 1864.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais qui décrit une ligne courbe si un autre corps lui imprime une direction différente. Pour distinguer l’action propre de l’entendement de la force qui se mêle avec elle, il faut donc considérer le jugement erroné comme la diagonale résultant de deux forées par lesquelles le jugement est déterminé suivant deux directions différentes, qui forment pour ainsi dire un angle, et résoudre cet effet composé en simple effet de l’entendement et en simple effet de la sensibilité ; ce qui doit se faire par des jugements purs a priori au moyen de la réflexion transcendantale, par laquelle (ainsi qu’on l’a déjà vu) toute représentation a sa place désignée dans la faculté de connaître qui lui correspond, par laquelle, conséquemment, l’influence de la sensibilité sur l’entendement est aussi distinguée.

393. Notre objet n’est pas ici de traiter de l’apparence empirique (v. g., de l’optique) qui se rencontre dans l’usage empirique des lois, d’ailleurs justes, de l’entendement, et par laquelle la faculté de juger est entraînée au moyen de l’influence de l’imagination ; nous n’avons affaire qu’à cette apparence transcendantale, qui influe sur des principes dont l’usage ne se rapporte pas même à l’expérience (auquel cas nous aurions au moins une pierre de touche pour éprouver leur valeur), mais qui nous emporte nous-mêmes, contre tous les avertissements de la critique, hors de l’usage empirique des catégories, et nous impose par l’illusion de l’extension de l’entendement pur. Nous appellerons immanents les principes dont l’application se tient dans les bornes de l’expérience possible ; mais nous appellerons principes transcendants ceux qui dépassent ces bornes. Je ne comprends cependant pas