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cipes de la raison pratique, réflexions qui en sont comme le postulat, mais qui n’ont pas encore là leur place marquée par la logique ou l’enchaînement des matières, et qui ne peuvent par conséquent pas encore être comprises. Cette retraite inquiète l’a donc conduit, dans un âge où la légèreté de sens n’est pas moins naturelle que la crainte, à soixante-quatre ans, à désavouer proprement, et sur le point capital de toute la philosophie, à savoir, le rapport de l’idée et du réel, les pensées qu’il avait conçues dans ses plus belles années de maturité, et auxquelles il était resté fidèle toute sa vie. Mais ce ne fut pas sans honte, franchement et sans s’échapper par des portes dérobées, qu’il abandonna ainsi son système. Voilà donc comment la Critique de la raison pure est devenue dans la seconde édition un livre mutilé, contradictoire, altéré, et jusqu’à un certain point apocryphe. Il est fort présumable que le reproche de mal entendre la Critique de la raison pure, reproche que se sortit constamment adressé les uns aux autres, et vraisemblablement avec « le même droit de tous les côtés les successeurs (adversaires ou partisans) de Kant, doit être attribué principalement à la malheureuse amélioration que l’auteur a voulu apporter lui-même à son œuvre ; car qui peut entendre ce qui porte en soi des éléments contradictoires ? »

Dans cet état de choses, qu’on ait cependant suivi partout la deuxième édition, c’est ce qui est très-naturel. On y supposait, avec un philosophe tel que Kant, des améliorations incontestables, et l’on était confirmé dans cette opinion par la préface. Quant à la manière