Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome I, 1845.djvu/19

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dit précisément le contraire du passage retranché, et qui soutient toutes les erreurs qui s’y trouvaient réfutées de la manière la plus solide ; elle se trouve «donc en contradiction avec toute la doctrine de l’auteur. Cette prétendue réfutation de l’idéalisme, donnée ici pour la première fois est si dépourvue de fondement, si évidemment sophistique, elle est même en partie un galimatias si confus, qu’elle est tout à fait indigne de figurer dans cet ouvrage immortel. L’auteur, qui en sentait l’insuffisance, a voulu encore la corriger dans la préface, en changeant un passage, et la justifier dans une note longue et obscure ; mais il a oublié de faire entièrement disparaître de sa seconde édition tous les nombreux passages qui se trouvent en contradiction avec l’addition nouvelle, et qui sont un parfait accord avec la partie retranchée. Tels sont en particulier toute la section sixième de l’antinomie de la raison pure, comme aussi tous les passages que j’ai rapportés dans ma critique, p. 615, étonné que j’étais de le voir se contredire ainsi lui-même, et ne connaissant pas encore alors, comme je l’ai déjà dit, la première édition, ni par conséquent le caractère furtif des nouvelles substitutions. Que ce soit la crainte qui ait porté l’illustre vieillard à défigurer ainsi la critique de la psychologie rationnelle, c’est ce qui résulte clairement de ce que ses attaques contre ces doctrines consacrées du vieux dogmatisme sont beaucoup plus faibles, plus timides et moins radicales sous la nouvelle forme que sous la première, et que, pour les adoucir, il recourt aussitôt à des réflexions préliminaires sur l’immortalité de l’âme, déduite des prin-