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tenant ce que dit Michelet, dans son Histoire des derniers systèmes de la philosophie en Allemagne, depuis Kant jusqu’à Hegel, Berlin, 1837, t. I, p. 49 et suiv. : « Un immortel service rendu par la philosophie de Kant, c’est, il faut le reconnaître, d’avoir mis en relief la subjectivité de la pensée. Il s’en est très-peu fallu que Kant, en réduisant les sources de la connaissance à ce qu’il y a d’interne dans l’esprit humain, n’ait aussi renversé avec conscience cette séparation qui parait si souvent menacer ruine dans son système, entre la pensée et la chose en soi. » Puis il ajoute en note cette observation : Particulièrement dans la première édition de la Critique de la raison pure, qui renferme par conséquent dans son exposition un grand nombre de points de la la plus haute spéculation, mais qu’on chercherait en vain dans la deuxième et les suivantes : car ces éditions, qui se ressemblent, et déjà même les Prolégomènes, abandonnent en partie la direction idéaliste, par la raison que ce côté de la philosophie de Kant se trouva aussitôt en butte à la plupart des attaques et des malentendus. »

Pendant que je méditais sur le meilleur parti à prendre dans l’intérêt commun de Kant et de l’histoire de la philosophie, je reçus, sans m’y attendre, mais à ma grande satisfaction, une lettre de M. le docteur Arthur Schopenhauer, de Francfort-sur-le-Mein, qui me fit prendre la résolution définitive de préférer la première édition. Schopenhauer donnait déjà en 1819, dans un appendice de son ouvrage profond : Le monde comme volonté et représentation, p. 591-725, une critique étendue de la philosophie de Kant. Il y exposait avec