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semble bien qu’il doit donner la seconde édition, puisque Kant a laissé faire sous ses yeux jusqu’à la cinquième, d après celle-là. C’est assez dire qu’il s’y tenait. Une réimpression de la première serait pour ainsi dire une injure à lui faite, et une sorte de mépris pour la peine qu’il s’était donnée en préparant la seconde. Mais doit-on regarder comme insignifiantes les différences entre ces deux premières éditions ? N’y a-t-il aucun intérêt à reconnaître clairement ce que Kant a supprimé, ajouté, changé ? Ne conviendrait-il par conséquent pas de mettre en lumière toutes ces variations diverses ?

Cette question n’est pas susceptible de deux réponses. Demande-t-on maintenant la manière dont il faut s’y prendre pour faire ressortir plus sûrement et plus simplement la différence signalée ? Si l’on voulait toujours reculer de la seconde édition à la première, on s’engagerait infailliblement dans une opération plus difficile et plus compliquée, que si l’on avançait de la première à la seconde. Car c’est de cette dernière sorte que le progrès s’est accompli dans Kant lui-même ; il prépara la seconde édition sur la première. Le lecteur doit donc pénétrer bien plus facilement et plus profondément dans la pensée de l’auteur, s’il prend la marche que Kant a lui-même suivie. Alors il a devant lui, dans l’ordre chronologique le plus naturel, la forme originelle de la matière, et la modification ultérieure qu’elle a subie.

Déjà, sous le rapport du développement de la pensée même de Kant, il serait donc nécessaire de donner une base à la première édition ; il ne l’est donc pas moins, sous le rapport formel, de placer le secondaire après