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table supplémentaire détaillée permettra d’ailleurs de lire l’ouvrage comme s’il n’était que la reproduction de la seconde édition.

Comme cette traduction a été revue sur l’édition donnée à Leipzig en 1838, je crois devoir reproduire ici la meilleure partie de la préface de M. Rosenkranz. Sa parole aura plus d’autorité que la mienne.

« Le but de cette préface ne peut être de nous étendre sur la valeur et l’importance de la Critique de la raison pure de Kant. Ce n’est pas nécessaire. Toutes les écoles sont unanimes sur le mérite de cet ouvrage immortel[1]. C’est la tête de Janus de la philosophie nouvelle. Tous les résultats des travaux antérieurs y sont concentrés, toutes les nouvelles directions pour les progrès ultérieurs y trouvent leur voie ouverte et tracée. Quelque subtils que soient souvent les détails de l’Architectonique, le sens spéculatif profond reste maître de l’ensemble. Toujours et sans cesse Kant revient à la question fondamentale de l’unité de l’être et de la pensée, du réel et de l’idée, de l’objectif et du subjectif. Souvent on croit être au bout de son exposition, pensant qu’il ne peut plus rien avoir à dire, quand on le voit tout à coup, peu satisfait qu’il est encore, pénétrer plus avant dans les profondeurs de la question, en chercher une solution plus radicale. Dans la Critique, la matière et la forme sont d’une égale importance. On peut dire de cet ouvrage, ce qui a été dit des cathédrales gothiques, que la grandeur immense s’allie parfaitement dans l’esquisse de ce tout sublime, avec la finesse dans l’exécu-

  1. Il faut remarquer que M. Rosenkranz est un disciple de Hégel.