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Et pourtant, à l’aube des âges, la famille Diplodocus devait bien se croire destinée à régner sur ce globe, usque ad vitam œternam.

Je ne suis ni prophète ni prédicateur, mais je puis vous dire qu’il y aura des puces jusqu’au jour du jugement, cependant que l’ultime rejeton de la famille Diplodocus qui devait si bien mépriser les cousins Mammouth, et, à plus forte raison, les éléphants, ses parents pauvres, le dernier et le plus colossal des fabuleux quadrupèdes, dis-je, si l’envie m’en prend, je n’ai qu’à me rendre au Muséum pour lui chatouiller les os.

Paul Klee, parce que vous avez libéré les infiniment petits cet hiver, les aoutats chanteront à voix de sirène et l’Europe et les deux Amériques enfin rougiront de s’être laissé séduire par le système métrique. Il ne s’agit non plus de céder à la tentation du nébuleux Orient que les enquêtes de la grande presse et des revues distinguées, les paradoxes de la philosophie salonnière ont mis à la mode.

Cote de Bourse qui fleure l’encre d’imprimerie ou Nirvana parfumé au papier d’Arménie, c’est, sinon trop beau, du moins trop facile pour être honnête.

On connaît l’image chère à M. Maeterlinck, des deux lobes du cerveau, l’oriental et l’occidental, l’un à l’autre, comme de juste, impénétrables.

Cette métaphore, qu’on eût crue inoffensive en son aimable simplicité, fait qu’on exhorte l’Ouest à rêver de l’Est. Il paraît d’autre part, que l’Orient achète à l’Occident des fusils, des chapeaux, des faux-cols en celluloïd, des tire-chaussettes et des romans psychologiques. Il faut donc noter que ces impénétrables sont, quoique sans espoir, comme Héloïse d’Abélard, amoureux l’un de l’autre.

Europe, Asie.