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dictons. Or, aussi mondaine et frivole avec vos proverbes que M. de La Rochefoucault avec ses maximes, vous oubliez que les uns et les autres se retournent comme des gants. Parlez de métier. Les enfants des villes sont assez maigres pour avoir le droit de vous répondre qu’il n’en existe que de sots. Et, en fait, depuis que la science moderne a bien voulu nous apprendre que les vaches, elles-mêmes, étaient sujettes à la tuberculose, il ne nous importe guère qu’elles soient un peu plus ou un peu moins mal gardées.

Nous n’aimons ni les asperges du pauvre, ni les poireaux du riche.

Arraché le masque des métaphores faciles, nous trouverons de belles injures pour vitrioler la sagesse des nations.

Et surtout il ne faut plus de cette sensiblerie dont s’endimanchent les pseudo-intellectuels, les pseudo-artistes.

Nous avons déjà une belle vengeance, une belle joie positive puisque les gouffres que votre peur fait semblant de dédaigner, baleine, fleurissent de très subtils mystères.

Les scaphandriers d’Europe, il est vrai, ont les doigts bien lourds et les plongeurs polynésiens, qui échappent au martyre des semelles de plomb, n’aiment à cueillir, dans leur promenade entre les flots, que les perles douces, rondes, à l’image des paupières de leur sommeil ingénu.

Dès lors, comment ne point appeler miracle, Paul Klee, cette excursion au plus secret des mers d’où vous êtes revenu, avec, dans le creux des paumes, un trésor de micas, de comètes, de cristaux, une moisson d’hallucinants varechs et le reflet des villes englouties.

Tout ce que vous avez rapporté des abîmes se révèle