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II

VRAIMENT SEUL

Or ce soir je suis seul.

Seul dans une chambre d’hôtel.

C’est maintenant que devrait venir, si elle eût dû venir jamais, la minute où, libre de toute présence, il est possible à l’homme de se débarrasser du souvenir même.

Pourquoi alors m’être rappelé l’existence des autres ? Serait-ce que je ne m’aime pas, du moins pas assez pour me suffire, pour me souffrir ? Solitude, la plus belle des fêtes, viendra-t-il, ton miracle ? Il me faut encore me répéter que je ne m’aime pas ce soir et n’y saurais parvenir, non plus qu’à me reconnaître