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peine de temps en temps, pouvais-je à nouveau découvrir ce petit tas d’os, de papilles à jouir, d’idées confuses et de sentiments clairs qui portaient mon nom.

Lacs de déceptions que j’avais crus miroirs, comment aimer encore les yeux étrangers ?

Or un jour, ce que je vis en transparence, et dans mes yeux cette fois, ce fut leurs yeux, les yeux des autres. Les autres dont je ne pouvais croire qu’ils existassent et qui pourtant triomphaient de moi.

Dès lors, comment ne pas souhaiter la minute où, libre de toute pensée, il me serait possible de me débarrasser du souvenir même ?

D’où les besognes du jour et les jeux de la nuit.

Hélas ! mosaïque de simulacres qui ne saurait tenir, les actes de la vie courante, si habile et si sûre en pût au premier regard sembler la combinaison, se disloquaient pour laisser voir le mal originel.