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frères » aux oiseaux et non aux cailloux.

Pour notre vagabond, devant ceux qu’il croit ses semblables il s’arrête satisfait. Alors, il se juge capable d’amour, mais, après une minute attentive, s’il continue à se reconnaître en qui l’entoure, son imperfection, soudain accusée par quelque geste, s’irrite du miroir.

D’autre part, qui n’a pas ses goûts lui apparaît digne de mépris. Les voix étrangères, pour ses oreilles, ne roulent que des syllabes sauvages, et il comprend que, dans la babel des cœurs, jamais n’auront un sens indéniable les maux ou les joies des autres.

S’il continue sa marche, ce n’est point qu’il espère de la prochaine étape. Il ne veut que l’oubli de la précédente. Mais ce perpétuel voyage est une fuite manquée, car l’esprit ne suit pas les accidents d’une terre qui porte le corps, son enveloppe.

Paysage, état d’âme ?

Dans des lieux nouveaux, notre enfant