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hypocrisie et noter que le triomphe de certain cabotinage condamne les plus scrupuleux à la fuite. Ils commencent par renoncer aux divertissements dont leur angoisse ne peut se leurrer. Mais quelle sécurité calmera leur silence inquiet et dans la solitude viendra leur prouver qu’ils firent bien de renoncer aux à-peu-près ?

Je me rappelle une phrase où, avec la naïveté de ceux qui, ne les ayant pas éprouvés, veulent expliquer certains tourments, le biographe de Stendhal affirme que le don Juan milanais « pensait avec raison qu’en mathématiques l’hypocrisie était impossible ».

Malheureusement pour Stendhal, les mathématiques ne l’empêchèrent point d’aimer les jeux subtils où seule triomphe l’hypocrisie.

Il comprenait trop bien d’ailleurs les raisons des autres pour accepter de paraître misanthrope. Aussi ne borna-t-il pas son ennui et, toujours curieux des femmes, de l’amour, des salons, jamais n’eut idée de fuir les êtres