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Or si éclatant ait été l’incendie allumé dans mes membres, ma poitrine, mes yeux, il me faut bien avouer que l’acte, son principe, ne m’a rien révélé d’essentiel.

Et cependant, ce n’était pas mon corps mais mon esprit qui demandait un miroir.

D’une fusion dont il me semblait qu’elle me permettrait d’échapper au mal de solitude, et de croire enfin au miracle d’une présence, je m’aperçois qu’elle ne m’a pas guéri, qu’elle ne pouvait pas me guérir.

J’ai voulu posséder, alors que la sagesse eût été non de prendre mais de comprendre.

Il importait de sentir ensemble.

Peut-être, le fait de se trouver deux entre des draps, de mettre son ventre sur un autre ventre, de mêler pieds, mains, bouches et tout ce qui aime à être mêlé, facilite-t-il l’échange impondérable.

Mais d’autres chocs aident à la fusion, d’où naît l’égalité constante et intime (qui n’a rien à voir avec l’égalité conventionnelle).