Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée

épaissit dès qu’une vitre lui envoie son reflet.

Mais il ne faut pas exagérer les bienfaits d’autrui. Rares demeurent ceux qui m’aidèrent à découvrir un peu de moi-même.

Certains passants. Et surtout cette femme aux cheveux collés, tout pailletés d’épingles de strass, caraco rouge tendu sur sa poitrine, robe courte, socques qui battaient le pavé d’une rue chaude. Elle me valut la surprise d’un contact. Un peu de ma chair métamorphosée battait contre un coin de ma peau, qui, lui, avait conservé sa substance, sa température. J’avais treize ans, n’étais pas en avance pour mon âge et ignorais dans toutes leurs précisions les jeux des sexes.

Oui, c’était à Toulon. Je marchais entre mon père et ma mère. On m’avait montré les fameuses cariatides du quai Cronstadt. J’étais trop absorbé par toute l’odeur. Passe la fille que j’ai dite. Et c’est, pour la première fois, certaine suffocation. Je suis heureux,