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façon l’utiliser pour un plaisir précis.

La maritorne continuait à parler d’amour.

Je m’écartai d’elle, mordis à même mon épaule et, comme je n’avais plus douze ans, sur le conseil de la glace pris un plaisir que mon orgueil se louait de ne partager point avec un corps plus méprisable que le mien. À la minute où le bonheur m’arrachait un soupir, la maritorne, qui ne pouvait plus ne pas se douter de quelque chose, souleva le bras qui cachait son visage. Elle vit. Et moi joyeux qu’elle vît et ne profitât point, je connus une exaltation telle que je me laissai tomber comme si la vie m’avait été ravie. Et la grosse bête de vouloir goûter ce dont elle avait été privée. Je me mis en boule pour échapper aux exigences de son appétit car je savais que si elle feignait d’être quémandeuse c’était pour, soumise, tirer quelque vengeance. Et moi, j’avais pitié d’un corps que le plaisir faisait d’autant plus vulnérable.