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D’une minute à l’autre je ne me reconnais plus.

Je ne me reconnais plus dans mon corps.

Ainsi, lorsque, pour le plus précis des gestes, s’est exalté ce qui de ma chair ne demande qu’à s’exalter, au moment de l’échéance voluptueuse, ces quelques centimètres cubes, où se sont multipliées mes faims éparses, parfois semblent ne même point être de ce corps auquel pourtant ils servent de truchement.

était-ce que le désir se trouvait par trop localisé pour ne contraster point avec certaine indifférence au fond ?

Dès que j’avais choisi une créature, elle me semblait anonyme. Pour la retrouver j’étais exigeant jusqu’à la rage. Alors je me perdais en elle, ne la retrouvais pas en moi. Je ne l’aimais pas, elle m’empêchait de m’aimer encore. Je n’avais même pas envie de la tuer. Elle existait si peu dès que mon désir s’était contre elle non satisfait mais évaporé.